Monday, May 26, 2008

Rabindranath Tagore



Nous voyons partout le jeu de la vie et de la mort, cette transmutation de l'ancien en le nouveau. Le jour vient à nous chaque matin, tout blanc, tout nu, frais comme une fleur. Mais nous savons qu'il est vieux ; il est le Temps lui-même. C'est le même très ancien jour qui a reçu dans ses bras notre globe nouveau-né, l'a recouvert de son blanc manteau de lumière, et l'a lancé dans le grand pèlerinage au milieu des étoiles. 
   Ses pas pourtant ne sont point las, ni ses yeux fatigués. Il porte l'amulette d'or de l'éternité qui ne connaît pas la vieillesse, et dont le toucher efface toutes rides du front de la nature. Notre monde porte l'immortelle jeunesse au plus profond de son coeur.

-From the Sâdhanâ by Rabindranath Tagore

Quelques extraits d'oeuvres de Rabindrah TAGORE

La Corbeille de Fruits 

Toujours, tu te tiens solitaire par delà les ondes de mes chants.
 
Les vagues de mes harmonies baignent tes pieds,
 
mais je ne sais comment les atteindre.
 
Et ce que je joue pour toi est une musique trop lointaine.
 
C'est la douleur de la séparation qui s'est faite mélodie : elle chante par ma flûte.
Et j'attends l'heure où ta barque traversera l'eau jusqu'à mon rivage,
 
et où tu prendras ma flûte dans tes mains.
 

Écoute, mon coeur ; dans cette flûte chante
 
la musique du parfum des fleurs sauvages,
 
des feuilles étincelantes et de l'eau qui brille;
 
La musique d'ombres sonores, d'un bruit d'ailes
 
et d'abeilles.
 
La flûte a ravi son sourire des lèvres
 
de mon ami et le répand sur sa vie.
 


Cet amour entre nous n'est point un simple
 
badinage, mon aimé.
 
Encore et encore les nuits rugissantes
 
des tempêtes se sont abattues sur moi,
 
éteignant ma lumière ;
 
des doutes noirs se sont amassés, effaçant toutes les étoiles de mon ciel.
 
Encore et encore les digues ont été rompues, laissant les flots balayer mes moissons,
 
et les plaintes et le désespoir ont déchiré mon ciel de part en part.
 
Et j'ai appris que dans votre amour,
 
il y a des coups douloureux, mais jamais
 
l'apathie glacée de la mort.
 


Rabindrah Tagore (La corbeille de fruits)

Autre extrait, Les Jasmins

Les jasmins 

Ah ! ces jasmins ! ces blancs jasmins !
 
Je crois encore me souvenir du premier jour où j'emplis mes bras de ces jasmins blancs !
 
J'ai aimé la lumière du soleil, le ciel et la terre verte.
 
J'ai entendu le murmure argentin de la rivière dans l'obscurité de minuit.
 
L'automne et les couchers de soleil sont venus à ma rencontre au tournant d'un chemin,
 
dans la solitude, comme une fiancée qui lève son voile pour accueillir son bien-aimé.
 
Cependant, ma mémoire reste parfumée de ces premiers jasmins blancs que j'ai tenus dans
 
mes mains d'enfant.
 

Rabindrah Tagore

Durant plus d'un jour de paresse


Durant plus d'un jour de paresse j'ai pleuré sur le temps perdu. Pourtant il n'est jamais perdu, mon Seigneur ! Tu as pris dans mes mains chaque petit moment de ma vie. Caché au coeur des choses, tu nourris jusqu'à la germination la semence, jusqu'à l'épanouissement le bouton, et la fleur mûrissante jusqu'à l'abondance du fruit. J'étais là, sommeillant sur mon lit de paresse et je m'imaginais que tout ouvrage avais cessé. Je m'éveillai dans le matin et trouvai mon jardin plein de merveilles et de fleurs.
 

Rabindranath Tagore

Quelques extraits du Jardinier d'Amour, sa plus grande oeuvre poétique


De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement, tu joues avec moi. Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse. Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.
 

Rabindranath Tagore (Le Jardinier d'amour, XXXV) 


Crois à l’amour, même s’il est une source de douleur.
Ne ferme pas ton coeur.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

Le cœur n’est fait que pour se donner avec une larme et une chanson, mon aimée.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

La joie est frêle comme une goutte de rosée, en souriant elle meurt.
 
Mais le chagrin est fort et tenace. Laisse un douloureux amour s’éveiller dans tes yeux.
Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.

Le lotus préfère s’épanouir au soleil et mourir, plutôt que de vivre en bouton un éternel hiver. Non, mon ami, vos paroles sont obscures, je ne puis les comprendre.
 

Rabindranath Tagore (Le Jardinier d'amour) 


Tes yeux m'interrogent, tristes, cherchant à pénétrer ma pensée; de même la lune voudrait
 
connaître l'intérieur de l'océan.
J'ai mis à nu devant toi ma vie tout entière, sans en rien omettre ou dissimuler.
 
C'est pourquoi tu ne me connais pas.
Si ma vie était une simple pierre colorée, je pourrais la briser en cent morceaux et t'en faire
un collier que tu porterais autour du cou.
Si elle était simple fleur, ronde, et petite, et parfumée, je pourrais l'arracher de sa tige et la
 
mettre sur tes cheveux.
Mais ce n'est qu'un coeur, bien-aimée. Où sont ses rives, où sont ses racines?
Tu ignores les limites de ce royaume sur lequel tu règnes.
Si ma vie n'était qu'un instant de plaisir, elle fleurirait en un tranquille sourire que tu pourrais
 
déchiffrer en un moment.
Si elle n'était que douleur, elle fondrait en larmes limpides, révélant silencieusement la
 
profondeur de son secret.
Ma vie n'est qu'amour, bien-aimée.
Mon plaisir et ma peine sont sans fin, ma pauvreté et ma richesse éternelles.
Mon coeur est près de toi comme ta vie même, mais jamais tu ne pourras le connaître tout entier.

Rabindranath Tagore (Le Jardinier d'amour)

Extrait de Gitanjali (l'Offrande lyrique), son autre oeuvre poétique importante


Laisse subsister ce peu de moi par quoi,
 
je puisse te nommer mon tout.
Laisse subister ce peu de ma volonté par
 
quoi je puisse te sentir de tous cotés,
 
et venir à toi en toutes choses, et t'offrir
 
mon amour à tout moment.
Laisse seulement subsister ce peu de moi
 
par quoi je puisse jamais te cacher.
Laisse seulement cette petite attache
 
subsister par quoi je suis relié à ta volonté,
 
et par où ton dessein se transmet dans ma vie : c'est l'attache de ton amour.

Rabindranath Tagore Gitanjali "L'Offrande Lyrique"


Quelques citations de Tagore

"La nuit, en secret, épanouit les fleurs et laisse le grand jour récolter les compliments." 

" Il en est des conseils comme des médicaments ; les plus amers sont les meilleurs."
 (Extrait de "Amal et la lettre du roi") 


"Celui qui chante va de la joie à la mélodie, celui qui entend, de la mélodie à la joie."
 (Extrait de "A quatre voix") 


"Mais c'est l'effort de toute une vie de faire connaître et honorer son vrai moi."
 (Extrait de "Chitra") 


"Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors."
 (Extrait de "Sadhana") 


"Un grain de poussière ne souille pas une fleur."
 (Extrait de "A quatre voix") 


"L'illusion seule est aisée. La vérité est toujours difficile ! "
 (Extrait de "A quatre voix") 


"L'illusion est la première apparence de la vérité"
 (Extrait de "Chitra") 


"Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne"
 (Extrait de "L'offrande lyrique", 1912) 


«Lorsque je jette mon regard tout autour, je rencontre les ruines d'une orgueilleuse civilisation qui s'écroulent et s'éparpillent en vastes amas de futilités. Pourtant je ne céderai pas au péché mortel de perdre confiance en l'homme: je fixerai plutôt mon regard vers le prologue d'un nouveau chapitre dans son histoire.»
 (Extrait de "L'offrande lyrique", 1912) 


"C'est à l'artiste de proclamer sa foi dans le Oui éternel, de dire:"Je crois en un idéal qui plane sur toute la terre, qui la pénètre toute entière... en un idéal de Paradis qui n'est pas le produit de l'imagination, mais l'ultime réalité où toutes choses résident et se meuvent. Je crois que cette vision du paradis s'aperçoit dans la lumière du soleil, dans la verdure de la terre, dans la beauté de la figure humaine, dans l'illumination de la vie humaine, et même dans des objets en apparence insignifiants et sans attraits. Partout sur cette terre, l'esprit du Paradis veille et fait entendre sa voix. Il atteint notre oreille intérieure sans que nous le sachions, il donne le ton à notre harpe de vie, dont la musique envoie notre aspiration au-delà du fini, non seulement en prières et en espérances, mais en temples qui sont des flammes de pierre, en peintures qui sont des rêves immortalisés, en danse qui est méditation extatique au centre immobile du mouvement."
 (Extrait de "Le sens de l'art" ) 

 

6 comments:

JAYSHREE (Jignasa) said...

Mes chants
Ce sont les mousses flottantes :
Elles ne sont pas fixées
Sur leur lieu de naissance ;
Elles n'ont point de racines -- seulement des feuilles -- seulement des fleurs.
Elles boivent la lumière joyeuse
Et dansent, dansent sur les vagues.
Elles ne connaissent pas de port,
N'ont point de moisson,
Hôtes inconnues étranges ! incertaines en tous leurs mouvements.
Et quand soudain les pluies tumultueuses de Crâvana
Descendent en nuages sans fin,
Noyant les rivages de leur flottant déluge,
Mes mousses-chansons
Soudainement sans repos, inspirées d'une vie sauvage,
Recouvrent tous les chemins de l'inondation,
Plongent dans la poursuite qui n'a plus de chemins,
Flottent de terre en terre,
De régions en régions,
Mes chansons !

- Tagore (Cygne)

~~ o ~~


J'ai chéri ce monde
Et l'ai entouré comme une vrille végétale avec chaque fibre de mon être !
La lumière et la ténèbre de la lune mêlée au soir
Ont flotté parmi ma conscience, en elle se sont fondues,
Tant qu'à la fin ma vie et l'univers
Sont un !
J'aime la lumière du monde, j'aime la vie en elle-même.


Pourtant ce n'est pas une moindre vérité que je dois mourir.
Mes mots, ils cesseront un jour de fleurir parmi l'espace ;
Mes yeux, jamais ils ne pourront plus se livrer à la lumière ;
Mes oreilles s'entendront plus les messages mystérieux de la nuit,
Et mon coeur
Il ne viendra plus en hâte au fougueux appel du soleil levant !
Il faudra que je prenne fin
Avec mon dernier regard,
Avec ma dernière parole !


Ainsi le désir de vivre est une grande vérité,
Et l'adieu absolu, une autre grande vérité.
Pourtant doit se produire entre eux une harmonie !
Sinon la création
N'aurait pu supporter si longtemps souriante
L'énormité de la fraude !
Sinon la lumière aurait déjà noirci, comme la fleur dévorée par le ver !

- Tagore (Cygne)

JAYSHREE (Jignasa) said...

De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement,
tu joues avec moi.
Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire.
De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons.
De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre.
Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse.
Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.

-Rabindranath Tagore (Le Jardinier d’amour)

JAYSHREE (Jignasa) said...

Rabîndranâth Tagore
Gitanjali, traduction d’André Gide, 1913

Extrait
Tes yeux m'interrogent, tristes, cherchant à pénétrer ma pensée; de même la lune voudrait connaître l'intérieur de l'océan.
J'ai mis à nu devant toi ma vie tout entière, sans en rien omettre ou dissimuler. C'est pourquoi tu ne me connais pas.
Si ma vie était une simple pierre colorée, je pourrais la briser en cent morceaux et t'en faire un collier que tu porterais autour du cou.
Si elle était simple fleur, ronde, et petite, et parfumée, je pourrais l'arracher de sa tige et la mettre sur tes cheveux.
Mais ce n'est qu'un coeur, bien-aimée. Où sont ses rives, où sont ses racines?
Tu ignores les limites de ce royaume sur lequel tu règnes.
Si ma vie n'était qu'un instant de plaisir, elle fleurirait en un tranquille sourire que tu pourrais déchiffrer en un moment.
Si elle n'était que douleur, elle fondrait en larmes limpides, révélant silencieusement la profondeur de son secret.
Ma vie n'est qu'amour, bien-aimée.
Mon plaisir et ma peine sont sans fin, ma pauvreté et ma richesse éternelles.
Mon coeur est près de toi comme ta vie même, mais jamais tu ne pourras le connaître tout entier.

..................

Là où l'esprit est sans crainte et où la tête est haut portée,
Là où la connaissance est libre,
Là où le monde n'a pas été morcelé entre d'étroites parois mitoyennes,
Là où les mots émanent des profondeurs de la sincérité,
Là où l'effort infatigué tend les bras vers la perfection;
Là où le clair courant de la raison ne s'est pas mortellement égaré dans l'aride et morne désert de la coutume,
Là où l'esprit guidé par toi s'avance dans l'élargissement continu de la pensée et de l'action -
Dans ce paradis de liberté,
Mon père, permets que ma patrie s'éveille.

.......................

Le même fleuve de vie
Qui court à travers mes veines nuit et jour
Court à travers le monde
Et danse en pulsations rythmées.
C'est cette même vie qui pousse à travers
La poudre de la terre sa joie
En innombrables brins d'herbe,
Et éclate en fougueuses vagues de feuilles et de fleurs.
C'est cette même vie que balancent flux et reflux
Dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort.
Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle.
Et je m'enorgueillis,
Car le grand battement de la vie des âges
C'est dans mon sang qu'il danse en ce moment.

.....................

Non, il n'est pas en ton pouvoir de faire éclore le bouton
Secoue-le, frappe-le : tu n'auras pas la puissance de l'ouvrir.
Tes mains l'abîment ; tu en déchires les pétales et les jettes dans la poussière.
Mais aucune couleur n'apparaît, et aucun parfum.
Ah ! il ne t'appartient pas de la faire fleurir.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement.
Il y jette un regard, et la sève de vie coule dans ses veines.
A son haleine, la fleur déploie ses ailes et se balance au gré du vent.
Comme un désir du coeur, sa couleur éclate, et son parfum trahit un doux secret.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement.
Rabindranath Tagore La corbeille de fruits

JAYSHREE (Jignasa) said...

J'ai chéri ce monde
Et l'ai entouré comme une vrille végétale avec chaque fibre de mon être !
La lumière et la ténèbre de la lune mêlée au soir
Ont flotté parmi ma conscience, en elle se sont fondues,
Tant qu'à la fin ma vie et l'univers
Sont un !
J'aime la lumière du monde, j'aime la vie en elle-même.


Pourtant ce n'est pas une moindre vérité que je dois mourir.
Mes mots, ils cesseront un jour de fleurir parmi l'espace ;
Mes yeux, jamais ils ne pourront plus se livrer à la lumière ;
Mes oreilles s'entendront plus les messages mystérieux de la nuit,
Et mon coeur
Il ne viendra plus en hâte au fougueux appel du soleil levant !
Il faudra que je prenne fin
Avec mon dernier regard,
Avec ma dernière parole !


Ainsi le désir de vivre est une grande vérité,
Et l'adieu absolu, une autre grande vérité.
Pourtant doit se produire entre eux une harmonie !
Sinon la création
N'aurait pu supporter si longtemps souriante
L'énormité de la fraude !
Sinon la lumière aurait déjà noirci, comme la fleur dévorée par le ver !

JAYSHREE (Jignasa) said...

Cette chanson de Tagore, je l’adore… ça veut dire :

“….Don’t despair in all your worries , don’t lose hope if you find yourself alone because then you must walk alone and alone you must overcome all the hardships in the path to your goal….”
Cette chanson est écrite en Bangali (La langue Bangali) voilà les paroles et puis la traduction anglais…

Bengali
jadi tor daak shune keu naa aashe tabe ekla chalo re
tabe ekla chalo, ekla chalo, ekla chalo, ekala chalo re
jadi keu kathaa naa kaya, ore ore o abhaagaa,
jadi sabaai thaake mukha phiraaye sabaai kare bhaya
tabe paraana khule o tui mukha phute tora manera kathaa, ekalaa balo re
jadi sabaai phire jaaya, ore ore o abhaagaa,
jadi gahana pathe jaabaara kaale keu phire naa chaaya
tabe pathera kaantaa o tui raktamaakhaa charanatale ekalaa dalo re
jadi aalo naa dhare, ore ore o abhaagaa,
jadi jhara-baadale aandhaara raate duyaara deya ghare
tabe bajraanale aapana bukera paanjara jbaaliye niye ekalaa jbalo re

The English translation:

If they answer not to thy call walk alone,
If they are afraid and cower mutely facing the wall,
O thou of evil luck,
open thy mind and speak out alone.
If they turn away, and desert you when crossing the wilderness,
O thou of evil luck,
trample the thorns under thy tread,
and along the blood-lined track travel alone.
If they do not hold up the light when the night is troubled with storm,
O thou of evil luck,
with the thunder flame of pain ignite thy own heart
and let it burn alone.

Ici vous pouvez écouter la chanson...

http://www.youtube.com/watch?v=rK600REtA0s

et ici vous pouvez écoutez seulement la belle musique de cette chanson...

http://www.youtube.com/watch?v=W4AS9bMK5eo&feature=related

JAYSHREE (Jignasa) said...

I

I wonder if I know him
In whose speech is my voice,
In whose movement is my being,
Whose skill is in my lines,
Whose melody is in my songs
In joy and sorrow.
I thought he was chained within me,
Contained by tears and laughter,
Work and play.
I thought he was my very self
Coming to an end with my death.
Why then in a flood of joy do I feel him
In the sight and touch of my beloved?
This 'I' beyond self I found
On the shores of the shining sea.
Therefore I know
This'I' is not imprisoned within my bounds.
Losing myself, I find him
Beyond the borders of time and space.
Through the Ages
I come to know his Shining Self
In the Iffe of the seeker,
In the voice of the poet.
From the dark clouds pour the rains.
I sit and think:
Bearing so many forms, so many names,
I come down, crossing the threshold
Of countless births and deaths.
The Supreme undivided, complete in himself,
Embracing past and present,
Dwells in Man.
Within Him I shall find myself -
The 'I' that reaches everywhere.


- Rabindranath Tagore